La Bordeaux de l'Imaginaire
Riante et chaleureuse région de collines,
buttes et terrasses aux vallons plus ou moins encaissés et escarpés, l’Entre-Deux-Mers est une terre aux mille richesses. Les plus célèbres sont évidemment les abbayes de La Sauve Majeure, Saint-Ferme et Blasimon, et le château féodal de Rauzan. Mais ils ne doivent pas faire oublier les bastides, maisons-fortes, églises romanes et autres moulins fortifiés ; ni les lieux appartenant au monde surprenant de la « Gironde de l’imaginaire », qu’il s’agisse de chapelles templières, de mégalithes ou de chênes sacrés que l’on dit toujours fréquentés par les druides… Se perdre en Entre-Deux-Mers, c’est remonter le temps, suivre les traces des pèlerins, des chevaliers d’antan ; S’y abandonner, c’est découvrir un univers envoûtant où le vin de Bordeaux est Roi depuis 300 ans.
Cultiver sa différence
À Lamothe-Vincent, l’originalité se décline d’abord par la géographie.
Les 102 Ha du domaine s’étirent sur deux extrêmes avancées de l’Entre-Deux-Mers, qui épousent les vignobles des Côtes de Bordeaux (CASTELVIEIL & ST-FELIX DE FONCAUDE) et du Haut-Benauge (MONTIGNAC & CANTOIS).
La Mosaïque des Terroirs
Cette pluralité est une force énorme car elle permet de s’adapter aux conditions du millésime en tirant profit des singularités de chaque sol, et autorise une adéquation réfléchie des sols et des cépages.
Les vignes de LAMOTHE-VINCENT reposent sur une mosaïque géologique formée entre -30 et -5 millions d’années.
(De l’Oligocène stampien au Miocène – Ere Tertiaire). La compréhension des terroirs par la génération actuelle est un élément clef de l’essor qualitatif du domaine et fournit de précieux renseignements sur le mode de conduite à adopter dans chaque parcelle. Avec l’expertise de Xavier CHONE (Docteur en Œnologie & Pédologue de nombreux Crus Classés du Bordelais), une étude pédologique précise (échelle au 1/2.500ème) a confirmé la palette des sols du domaine : Sols argileux ou argilo-calcaires des collines de la molasse de l’Agenais, sols argilo-limoneux résultant de l’altération de ladite molasse, sols argilo-limono-sableux calcaires sur affleurements du calcaire à Astéries (dont l’exploitation de la pierre a permis de bâtir la ville de Bordeaux) ou encore très argileux et marno-calcaires en contrebas des « buttes-témoins » calcaires du Miocène…
Mais cette étude a surtout révélé le caractère exceptionnel de certains terroirs, en permettant la délimitation et la caractérisation de climats ou crus parcellaires au potentiel insoupçonné. On y retrouve plusieurs des meilleurs sols du Bordelais. De manière tout à fait empirique, ces terroirs accouchaient historiquement de vins remarquables de qualité. Nous en connaissons désormais les contours et les raisons. De grands terroirs cachés révélés au monde…
Des terroirs d’exception révélés
Les grands vins naissent de terroirs d’exception, ,d’une volonté constante et d’une attention sans faille. Ils prennent racine dans un lieu particulier, sorte d’écrin qui lui donne son âme et conceptualisé par la notion de « noyau d’élite », dont un exemple célèbre est la « Boutonnière argileuse » de Pétrus.
A Daubèze, au lieu-dit « Champ de Mariotte », règnent un ensemble de sols argilo-calcaires iconiques : Grâce à leurs argiles fortes et à la faible profondeur de la roche-mère de calcaire à Astéries (entre 20 cm et 1.50 m), ils impriment au Merlot une chair profonde, de la tension et beaucoup de saveur, tandis que le Cabernet-franc s’étire en longueur dans une finale élancée et complexe. Ces profils font la renommée des plus grands vins de Saint-Emilion. Bien qu’orienté au sud dans une pente régulière au drainage naturel, sa position de bas de versant molassique en bordure de corniche renforce la fraîcheur du site, qui se lit dans la minéralité et le fruit éclatant conférés au vin.
Plus au sud, une butte-témoin du Miocène allant de Gornac à Castelviel forme un croissant de calcaire de l’Agenais et de calcaire à Ostrea. Telles un rempart en contrebas, en haut de versant des molasses de l’Agenais, les marnes très argileuses qui l’entourent sont qualifiées de « vertiques », car riches en smectites : Leur nature très gonflante régule à merveille l’alimentation hydrique de la vigne, offrant au raisin la quantité d’eau nécessaire et strictement suffisante pour produire un grand vin, qui alliera puissance, chair pulpeuse et tanins veloutés. Ici siège « Le Grand Rossignol », cru emblématique du domaine qui transcende le cépage Merlot.
La structure du sol et du sous-sol y est très nettement prismatique avec fentes de retrait, racines annuelles écrasées dans les fentes disposées en arête de poisson, faciès similaire à celui observé sur la partie Est de Saint Julien et de Saint Lambert, comme à celui des meilleures argiles de Pomerol.
Xavier Chone– Docteur en Œnologie, Pédologue
Dans le même secteur et sur des sols au même faciès, les climats “ La Pradasse ” et “ Mathelot ” osent prendre un accent médocain.
Ici point de graves günziennes qui réchauffent les sols mais une exposition Sud en haut de versant et une pente convexe, qui renforcent la précocité et augmentent encore la contrainte hydrique de nos précieuses argiles, autorisant le Cabernet-sauvignon et le Petit-Verdot à murir sans complexes.
L’amateur exercé saura lire dans la beauté de ces terroirs l’origine de la complexité et de la personnalité de nos crus parcellaires…